Si vous êtes amateur de visual novel, vous connaissez peut-être déjà Root Letter (√Letter pour les puristes), le mystère épistolaire d’Akari Uchida sorti en 2016. Cette nouvelle version, sous-titrée Last Answer, n’est ni un nouvel épisode, ni un remake : il s’agit d’une version améliorée du titre paru il y a trois ans. Faut-il se jeter dessus si l’on connaît déjà Root Letter et ses différentes fins ? Nous vous détaillerons ci-après les ajouts de cette nouvelle édition. Si vous n’êtes pas du tout familier avec le jeu, alors nous vous invitons à lire le test qui suit pour découvrir ce jeu énigmatique qui fait voyager ses joueurs dans la ville côtière de Matsue.
Quels sont les ajouts de Last Answer ?
Ce qu’il faut savoir de Last Answer est qu’il n’apporte que très peu de contenu supplémentaire par rapport à Root Letter. S’ajoutent quatre (courts) épilogues que l’on déverrouille après avoir parcouru les différentes fins et c’est malheureusement tout, si l’on excepte la nouvelle liste de trophées à peine remaniée.
La véritable nouveauté de cette version est la possibilité de jouer avec les artworks d’origine ou avec des photos de pas moins de 90 comédiens en chair et en os. Ce nouveau style graphique « live action », qui n’est pas sans rappeler le célèbre (et excellent) 428 Shibuya Scramble, permet de s’identifier davantage à l’histoire, d’autant plus que les lieux que l’on parcoure existent réellement. Dommage que les clichés soient si statiques, néanmoins. Contrairement au suscité 428 dont les nombreuses photos sont très dynamiques, les plans et les portraits de Root Letter: Last Answer ne dégagent ni mouvement, ni émotion.
Il est possible de choisir le style que l’on préfère dans le menu principal du jeu, mais il est malheureusement impossible de passer d’un style à l’autre à la volée, comme c’est le cas dans les récentes éditions de Monkey Island ou Wonder Boy, par exemple. Pour information, cette version est toujours intégralement et uniquement en anglais.
Une correspondance pas comme les autres
Dans Root Letter, le joueur incarne Takayuki, un tokyoïte qui, en faisant du tri dans ses affaires, retrouve d’anciennes lettres reçues par une correspondante de province : Aya Fumino. Il découvre un dernier courrier d’il y a quinze ans et qu’il n’avait pas ouvert à l’époque ; elle explique arrêter de correspondre avec lui après avoir prétendument tué quelqu’un.
Takayuki décide donc de se rendre à Matsue pour lever le voile sur cette mystérieuse disparition. Sur place, à l’adresse d’Aya Fumino, il ne découvre rien d’autre qu’un terrain vague. Mais pour remonter la piste de leur amitié épistolaire, le protagoniste part à la recherche de ses amis du lycée dont elle papote dans ses courriers.
L’un des points captivants de Root Letter est de nous faire découvrir Matsue et ses environs, notamment grâce aux photos des lieux qui rendent honneur à la beauté de la ville nippone. Il est d’ailleurs très intéressant de se rendre compte à quel point les artworks d’origine sont fidèles à la réalité. Le joueur est accompagné d’un guide touristique donnant quelques anecdotes sur les différentes localités.
Un visual novel un peu roots
Hélas, l’écriture n’est pas réellement à la hauteur du mystère qui entoure le jeu. Pour être tout à fait franc, Root Letter transmet difficilement quelque émotion que ce soit, ce qui est notamment frustrant lors de scènes censées être tragiques, qui défilent en quelques phrases sans effet dramaturgique particulier. Le plus gênant est peut-être le comportement du protagoniste auquel il est difficile de s’attacher. Très souvent, et particulièrement dans ses confrontations aux autres personnages, Takayuki se comporte comme un goujat, usant et abusant de manipulation et de chantage pour parvenir à ses fins, ce qui a le don d’irriter les joueurs vertueux.
Root Letter est très classique dans son déroulement et dans ses mécaniques. Il convient de se déplacer d’écran en écran et d’interroger les personnages non-jouables pour obtenir des informations et des objets. Malgré tout, il reste plus dirigiste que d’autres jeux du même genre, donnant même la désagréable sensation de tirer le joueur par la main sur des sentiers battus. Notamment, une option permettant de « réfléchir » trace le chemin duquel il n’est pas possible de s’éloigner.
Chaque chapitre se conclut par une confrontation avec un proche d’Aya, dans laquelle il faut présenter des objets et poser les questions pertinentes aux bons moments, sous peine de subir une pénalité. Ces échanges sont bienvenus, ils rythment et ponctuent une aventure souvent monotone. Une option « étrange » de Root Letter est le « Max Mode » qui se déclenche parfois : il s’agit d’une jauge qui s’affiche et qui, selon son remplissage, permet de crier une phrase ou une autre. L’effet est plus visuel que pertinent.
Root Letters
Root Letter propose un total de cinq fins différentes, dont une seule mérite réellement d’être considérée comme la « bonne », bien qu’elle n’apporte pas nécessairement une réponse satisfaisante au mystère de Matsue. Chacune de ces conclusions sont à considérer indépendamment les unes des autres, ce qui veut dire que les événements qui se déroulent dans les deux derniers chapitres sont propres à chaque route. De prime abord, il faut bien admettre que ça peut agacer mais, après quelques fins, il est intéressant de voir comme l’interprétation des huit premiers chapitres change selon les révélations que l’on obtient.
Les fins dépendent de choix en début de chaque chapitre. Chacun d’entre eux s’ouvre sur une lecture d’un vieux courrier de la part d’Aya et le joueur doit choisir ses réponses et les questions qu’il souhaite lui poser. À ce titre, Root Letter est plutôt bien pensé puisqu’à chaque nouvelle partie, il est possible de sauter les chapitres et de faire défiler à folle allure les textes déjà lus, de sorte que l’on obtienne très rapidement les fins manquantes : il faut compter une dizaine d’heures pour boucler un premier run et à peine une demi-heure pour chaque fin supplémentaire.
Si vous connaissez Root Letter sur le bout des doigts, il est difficile de vous conseiller de craquer pour Last Answer sans réfléchir, à moins que vous soyez fan au point de vouloir à tout prix le refaire avec son nouvel habillage. Le contenu supplémentaire est bien trop maigre pour retourner à Matsue. Si vous n’y avais jamais joué, cependant, alors Last Answer est bel et bien la version ultime qui annule et remplace le Root Letter de 2016. N’en attendez pas un grand visual novel car ses carences sont manifestes, tant sur le plan de l’écriture que de l’histoire. Il reste un titre court à un tarif tout à fait abordable que l’on peut lancer entre deux parties plus ambitieuses.
Les plus :
- Un voyage à Matsue
- Cinq fins très différentes
- Le choix entre le nouvel et l’ancien habillage
Les moins :
- Peu de nouveautés par rapport à la version de 2016
- L’écriture est parfois médiocre
- Le personnage principal se montre souvent détestable
- Uniquement en anglais
Root Letter: Last Answer convient :
- aux amateurs de visual novel
- pour qui l’anglais n’est pas un souci
- et qui n’attendent pas un chef-d’œuvre d’écriture

Root Letter: Last Answer – Day One Edition
- Résolvez un mystère vieux de…
- Un visual novel intercatif :…
- Une nouvelle façon de…