Le jeu vidéo The Light in the Darkness, récemment sortie sur ordinateur et bientôt disponible sur console, a pour ambition d’enseigner l’histoire de la Shoah aux plus jeunes, de façon ludique. Son concepteur, le Français Luc Bernard, veut « que les gens qui sont dans les zones rurales ou défavorisées puissent apprendre sur la Shoah » et « leur permettre de s’immerger dans un camp de concentration ». Il cherche ainsi à transmettre aux joueurs les souffrances vécues par les Juifs durant la Seconde Guerre Mondiale. Les jeux vidéo offrent une autre forme divertissement que « les musées, qui sont formidables, mais seulement une petite partie de la population peut y aller, ou écouter des survivants parler ». En effet, ils sont très populaires : « Presque tout le monde y joue. Nous devons donc y parler de choses comme la Shoah et cela permet d’éduquer les gens à ce sujet ».
Une représentation fidèle de l’entreprise d’extermination
Dans The Light in the Darkness, le joueur incarne les membres d’une famille juive française originaire de Pologne, composée d’un père, d’une mère et de trois enfants. Le cheminement du jeu commence sous le régime collaborationniste de Vichy, à travers leurs choix de vie, et se termine par leur arrestation en 1942 pendant la rafle du Vel d’Hiv, leur transfert vers le camp de Pithiviers et leur déportation dans les camps de la mort. « C’est le premier jeu vidéo à représenter fidèlement l’entreprise d’extermination des Juifs d’Europe par les Nazis », explique Luc Bernard. Si dans certains blockbusters récents de l’univers du jeu on trouve des cas d’évocation de la Shoah, comme dans Wolfenstein The New Order, « ce jeu se situe dans un univers alternatif, où les Nazis ont remporté la Seconde Guerre mondiale, et n’aspire pas à une représentation réaliste de la Shoah ». Dans The New Colossus, la suite de The New Order, l’horreur génocidaire est abordée de façon plus explicite, mais « on ne parle jamais de camps de concentration ou même de Juifs ». Luc Bernard souhaite donc « que plus de développeurs s’intéressent à [la représentation de la Shoah] pour garder en vie la mémoire de la Shoah ». Cependant, cette prise de risque reste limitée car « il y a la peur de faire un jeu trivial ou de simplifier à l’excès et la crainte de ne pas pouvoir faire un jeu de manière éthique ».

L’importance de la Shoah dans la mémoire collective
La transmission de la mémoire de la Shoah s’avère être essentielle. En effet, le 27 janvier 2020 a eu lieu la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste, soit 75 ans jour pour jour après la libération des camps d’Auschwitz et Birkenau. Aujourd’hui, « [les] survivants de la Shoah sont de plus en plus âgés et leurs témoignages finiront par disparaître. Il est donc important de trouver des moyens pour que les générations futures continuent à se souvenir ». Pour cette raison, le jeu The Light in the Darkness a reçu le prix de l’innovation au festival « Entrepreneurs & Numérique » qui s’est tenu en 2019 à Paris. Lors de sa remise de prix, Luc Bernard a déclaré « qu’il faut absolument enseigner cette histoire à nos enfants pour qu’ils comprennent l’importance du vivre-ensemble et qu’ils deviennent des citoyens responsables et conscients ». Plus globalement, le développeur en conclut que « l’avenir […] doit passer par une union entre la mémoire de la Shoah et le numérique pour toucher le plus grand nombre de personnes possible ».
2023 : année charnière pour l’enseignement de la Shoah ?
En 2023, si la pandémie du Covid-19 n’aura pas bouleversé les calendriers scolaires, le centenaire de la naissance d’Anne Frank marquera une date charnière pour l’enseignement de la Shoah. La France étant à la pointe de l’utilisation de jeux vidéo pédagogiques, on peut penser que de nouvelles innovations verront le jour afin de rendre plus accessible la compréhension et l’apprentissage de l’Histoire. De plus, en 2023, les calendriers scolaires nationaux devraient intégrer l’enseignement du cours d’instruction civique et morale (ICM), obligatoire depuis 2019, qui compte dans son programme « de maîtriser les grandes étapes de l’histoire contemporaine et des principaux épisodes du XXe siècle et […] insister sur le génocide des Juifs (parmi d’autres) pendant la Seconde Guerre mondiale ». On observe donc un double mouvement de convergence entre l’utilisation de jeux vidéo pédagogiques visant à renforcer la transmission de la mémoire de la Shoah et l’utilisation des outils numériques en classe. Une situation qui pourrait s’accélérer et consolider avec l’internationalisation des objets numériques et leur adoption par les systèmes éducatifs français :
- Simulations et cas d’études : Les « serious games », dont font partie les simulations, possèdent un fort potentiel pédagogique. Grâce à ces outils, les professeurs peuvent proposer des situations simulées, basées sur des faits historiques, afin que les élèves apprennent et prennent conscience des conséquences directes des actes humains.
- Virtuels et augmentés : Les outils de réalité virtuelle et augmentée offrent aux professeurs la possibilité d’immersionner leurs élèves dans des lieux et des époques différentes et d’approfondir ensemble certaines périodes spécif
Pour télécharger le jeu, rendez-vous sur le store d’Epic Games ici : https://store.epicgames.com/fr/p/the-light-in-the-darkness-6ee5e4